Nouvelle sélection artistique : le parcours évolue avec des oeuvres supplémentaires que je vous présente dans le diaporama (sauf la 5 qui était déjà présente). Le numéro des oeuvres n’a pas été conservé au cours des années, mais le plan est plus précis ; les chemins sont entretenus même dans la partie boisée la plus éloignée, parfois un discret fléchage nous guide. Je trouve que ça vaut la peine d’y retourner quelques années plus tard.
L’oeuvre 19 nous a surprises : Sophie Calle nous invite à déposer nos secrets dans une tombe pour nous libérer.
L’oeuvre n°20 est bien de Bob Dylan, le musicien que vous connaissez tous.
Dans la galerie 22 de Richard Rogers, nous nous déchaussons avant d’entrer ; plusieurs pièces ; l’édifice donne sur la nature.
25 : l’aire de battage du blé près de la chapelle daterait du Ve siècle
29 : Gehry réalise une structure en trois parties dont la base supporte de grandes vitrines dans lesquelles se trouvent les réalisations de Berlant ; un escalier et deux passerelles en pierre locale.
37 : l’idée de Prune Nourry lui est venue lors d’un projet où elle a photographié une amie enceinte immergée dans une baignoire remplie de lait. L’oeuvre possède une ouverture qui permet d’accéder au ventre dans une ambiance aquatique.
Itinéraire 4km590, 1h35 déplacement environ (2h au total), 100m dénivelée (+171, -171)
Une grande journée en perspective avec l’association Les Amis de Jouques qui propose régulièrement des visites fort intéressantes. Guy T., enfant du pays et Gaëtan C. ancien Conservateur en chef du patrimoine au Service régional de l’archéologie, seront nos guides.
Le rendez-vous est à la chapelle Saint-Symphorien dans le hameau de Cazan. Construite au XIIe siècle, elle est agrandie et réaménagée de façon à pouvoir accueillir tous les pèlerins venant vénérer saint Symphorien. Comme je suis arrivée la première, j’ai le temps de repérer ces curieux piliers de pierre devant la chapelle, liés au pèlerinage qui aurait été introduit en Provence dès le 6e siècle par saint Virgile, archevêque d’Arles, ancien évêque d’Autun. Un splendide bénitier – tridacne géant – fait office de… bénitier.
Le 21 Août se déroule chaque année le pèlerinage de Saint Symphorien. La statue du saint est alors descendue à pied depuis l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Vernègues vers la chapelle Saint Symphorien à Cazan [ndlr : où elle est déposée sur le socle de pierre devant la chapelle] […] Il fut décapité dans sa vingtième année. pelerinagesdefrance.fr
Dès la fin du 15e siècle, le saint est imploré comme saint guérisseur (les béquilles au mur témoignent des voeux en cas d’infirmité) et l’on vient de tous les villages environnants demander la protection de saint Symphorien. C’est le cas de Louise Bory (1763) et Honoré Marius Brillon (né le 07/01/1826 à Marseille), commissaire de police dont l’ex-voto est daté du 21 juillet 1859.
Marié à Blanche Roux à Orgon en 1856, venant d’Eyguières où il habite, il implore le 30 juin 1859 la guérison de son jeune fils Adolphe Théodore (né le 02/04/1857 à Orgon) qui frôle la mort dans la nuit du 30 juin 1859. Il sera exaucé ; vingt ans plus tard, un second fils Marius Adolphe Désiré portera en quatrième prénom Symphorien.
Nous reprenons la voiture pour démarrer la rando au pied du plateau, 500 m après le pont du TGV sur la D2. Nous quittons assez rapidement le sentier balisé menant à la chapelle Saint-Symphorien pour grimper sur le flanc est du Puy Chauvier avec quelques passages escarpés.
puy ou pey ou Puech (d’un terme occitan) ont la même origine : comme dans le Puy-Sainte-Réparade ou Pey Gaillard à Jouques ou Pié Redon à Eguilles. Désigne un lieu élevé, comme une colline.
Guy nous fait remarquer un monument inattendu peu avant d’atteindre l’ancien chemin de Vernèguesau Pont Royal ; sans lui nous serions passés à côté sans le voir. Il est situé en limite de deux parcelles de terrain dont le propriétaire en 1836 pourrait être, soit Etienne Souvestre, soit Joseph Roman. Pas vu de nom gravé. bricor, modératrice du forum geneanet.org, a alors suggéré que pourrait y être enterré un protestant. Sur le site de Appy-histoire qui les recense, le patronyme ROMAN est bien d’origine vaudoise mais le plus proche de Vernègues, ROMAN Antoine (°+Alleins), marié à SALENQUE (SALENC) Marthe en 1685, n’est pas (plus) protestant ; sur le site de bricor qui recense les branches des familles vaudoises et protestantes du Luberon, j’ai trouvé un protestant, Joseph ROMAN, décédé le 15 mai 1786, au désert, à Lourmarin (Vaucluse) sans pouvoir établir de lien avec ceux de Vernègues… Il pourrait s’agir aussi d’une branche alliée comme les ARNAUD. Le mystère reste entier.
La révocation de l’Édit de Nantes en 1685 interdit le culte protestant : exclus des emplois publics, de leurs temples, les protestants sont exclus de leurs cimetières. […] Les ordonnances royales exigent de plus qu’ils soient enterrés de nuit et sans rassemblement. Pendant les longues années du « Désert », les protestants qui refusent de se convertir vont ensevelir leurs morts clandestinement, « dans les terres », dans un champ appartenant à la famille du décédé. Les lieux d’enterrement des protestants
Avant de suivre le GR6 vers l’ouest, Guy fait une halte au petit bassin qui devait recueillir des eaux de ruissellement, source tarie aujourd’hui mais qui dût être bien précieuse pour les anciens.
Le GR6 est un chemin agréable et entretenu. Au croisement sur le chemin des Argeliers(du provençal argelié : lieu où l’argile abonde ?), vue sur le Luberon puis sur l’imposant château médiéval touché deux fois par un séisme dont celui de 1909. Il traverse une zone rurale caractéristique avec des murs de soutènement en pierre sèche, des champs et quelques cabanons.
Au carrefour, un témoignage du petit patrimoine comme je les aime : une source captée et protégée alimente un lavoir(lavoir de Valon ?) rustique qui ne fonctionne plus mais devait servir aux habitants du Vieux Vernègues comme source d’eau.
Nous le contournons et remontons vers le nord : la piste est bordée de murs de pierre sèche dont l’un couronné de pierres verticales qu’on voit plus souvent dans le Luberon qu’ici. Quand on quitte la piste c’est pour entrer dans une zone un peu plus hostile.
Sous la barre rocheuse, les arbres embrassent les rochers ; nous avançons difficilement dans la végétation envahissante mais nos guides sont confiants. Les rochers ont servi d’abri : parfois fermé côté extérieur par un muret en pierre sèche, trous de poutres pouvant servir d’ancrage de chevrons de couverture ; sous la falaise, un bassin taillé dans la pierre a basculé peut-être lors du tremblement de terre de 1227 contesté depuis peu par Pierre Alexandre : il recueillait l’eau de pluie, preuve que le lieu était habité ; d’ailleurs, au delà, dans la pente, de nombreux hauts murs de soutènement persistent.
D’après Les compilations séismologiques et le prétendu cataclysme provençal de 1227, Pierre Alexandre affirme que les catalogues, établis en dehors des règles de la critique des sources, ne sont pour la plupart que des élucubrations où les données originales sont indistinctement mêlées à des éléments sans valeur […] à l’occasion du réexamen d’un catalogue inédit de Rothé, lequel indiquait une secousse d’intensité IX en 1227 à Lambesc, J. Vogt (1980) soulignait à juste titre l’absence totale de mentions d’un pareil cataclysme dans les sources du XIIIe siècle. N’empêche que le bassin n’a pu basculer que sous l’effet d’une forte secousse…
Difficile de longer la falaise par dessous pour atteindre le site du castrum d’Avalone ; demi-tour, pique-nique à l’abri du vent sous les rochers ; comme toujours avec Les Amis de Jouques, la convivialité est de mise avec des échanges de toutes sortes…
Pour atteindre un autre sentier vers le castrum d’Avalone(devenu Valon sur les cartes modernes), nous passons de l’autre côté de la paroi rocheuse par un étroit passage. Ce sentier de terre étroit, est bien tracé, sans difficulté et amène sur un étroit plateau à l’extrémité des Clèdes : le castrum d’Avalone est daté par S. Schmit entre le Xe et le XIIIe siècle. Il est souvent associé au castrum Alvernicum(château de Vernègues). Donc ce sont deux communautés rurales différentes ce qui explique peut-être que, pendant des siècles, on venait du Vernègues, on travaillait auVernègues et non àVernègues ; Esprit Roman est garde-champêtre auVernègues, et Jean-Joseph est berger auVernègues (1836).
Ce qui surprend en arrivant c’est cet escalier de pierre : Guy T. y jouait étant enfant ; les marches, d’abord en assez bon état, atteignent le niveau inférieur circulaire, abrité de hauts rochers. Les dernières marches sont totalement érodées et seuls les marcheurs au pied sûr y sont descendus. 14 cabanes et des centaines de traces d’encastrement, de trous de poteaux, et autres structures rupestres ont été relevés en 2012 lors d’une prospection systématique.
Le drone de Pierre G. survole les lieux tandis qu’un groupe observe le Luberon et la moderne LGV que des siècles séparent.
Un département français en Amazonie, c’est déjà dépaysant en soi ; une randonnée sur le sentier du Montabo, non loin de la côte, dans la capitale Cayenne, c’est une toute petite idée de la forêt amazonienne ! Il est aménagé en prévision du ruissellement des pluies fort abondantes.
Le départ, pour ma part, se situe sur le chemin Sadeki qui mène à la plage de Rémire-Monjoly, au panneau sur fond bleu du Conservatoire du littoral, conservatoire tout juste créé quand je suis arrivée en Guyane en 1978.
Forêt luxuriante sombre par endroits, des arbres très hauts, des lianes, des racines longues, une forêt bruyante avec des cris d’oiseaux dont certains stridents, du mouvement dans les arbres et au sol.
Comme ces fourmis manioc « coupeuses de feuilles », dites champignonnistes car elles prélèvent des portions de feuilles afin de cultiver un champignon sous terre qui nourrit la reine et les larves. Pour ne pas mourir intoxiquées par les rejets de CO2 issus de leur champignon, les fourmis maniocs ont mis en place un ingénieux système de cheminées pour ventiler leur fourmilière. Il était une fourmi, dessins Nathan Macario.
En haut de l’arbre, elles découpent un morceau de feuille, redescendent le long du tronc à la queue leu leu puis les déposent dans le nid après un périple le plus direct possible au sol. Comme elles sont totalement cachées sous leur feuille, de loin, ça donne l’impression que les morceaux de feuilles se déplacent par magie.
La reine assure la production de fourmis afin de perpétuer la population. Elle est de grande taille : environ 2,5 cm. Les soldates [leur] rôle est de protéger la colonie des attaques extérieures. Les ouvrières major repèrent les zones de récolte, prélèvent les végétaux et assurent leur transport jusqu’au nid. Les ouvrières média s’occupent de couper les fragments apportés par les majors en morceaux plus petits. Les ouvrières minor ou jardinières cultivent le champignon en découpant et en disposant les fragments de feuilles sur le champignon. fourmis manioc
Un point de vue donne accés à la côte rocheuse qui s’envase progressivement ; l’eau est d’une couleur brunâtre à laquelle on finit par s’habituer. Une mangrove va s’installer en quelques années.
Les mangroves sont des forêts localisées exclusivement le long du littoral et des estuaires, dans des eaux plus ou moins saumâtres. Elles sont soumises au flux et reflux des marées et sont inondées à chaque marée haute. On peut envisager la mangrove côtière comme une forêt qui se déplace. Cette particularité est due au fait qu’elle pousse sur des bancs de vase. Or, ceux-ci se déplacent d’Est en Ouest le long du rivage. La mangrove pousse en quelques mois lorsque le banc de vase arrive et se fixe. Quelques années plus tard, elle disparaît en quelques semaines, lorsque le banc de vase continue sa route, poussé par le courant équatorial, lui-même engendré par les vents alizés. Herbier de Guyane
En 1980, le jardin de la maison où j’habitais dans l’anse Chaton donnait sur la plage ; on s’y baignait, on pêchait même, à quelques mètres du bord ou perché sur le rocher. Aujourd’hui c’est une mangrove impénétrable et j’ai bien du mal à reconnaître les lieux.
Pas eu la chance de croiser un mouton paresseux dans les arbres ou un singe car le sentier est trop fréquenté en cette période de vacances. Mais l’atmosphère équatoriale se ressent bien : feuille couverte de poils noirs, plage envasée qui verdit, enchevêtrements de racines,…
Le sentier est bien amenagé comme la passerelle ci-contre, et doit sûrement necessiter beaucoup d’entretien tant les lieux changent vite à cause des conditions climatiques en particulier après la pluie qui ravine, emporte tout sur son passage et parfois détruit. Sans oublier les risques de chute par dérapage dans la boue. Précipitations annuelles : 3350 mm à Cayenne, 585 millimètres par an à Aix-en-Provence…
Itinéraire en boucle de 5km comprenant une variante jusqu’à la plage, 47m dénivelée, 1h30 environ. Le sentier du Montabo seul – parking officiel au 141 chemin de Montabo, Cayenne face école Jean Macé – mesure 3km800 environ